Les voyages d'un fantassin pendant "la grande guerre"

"Exempté pour faiblesse générale" en 1911, René Hamier est rattrapé par le conflit mondial lorsqu’il est reconnu "bon pour le service armé" par le conseil de révision de Corbie du 3 décembre 1914. Le 20 février 1915, le 272ème régiment d’infanterie l’incorpore. Dans sa 26ème année, il part en train via la gare Montparnasse de Paris pour la Bretagne. A Morlaix, il s’initie à la téléphonie de campagne.

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Lors de divers exercices et manœuvres, il découvre les environs comme Huelgoat, Saint-Herbot. Le 25 mai 1915, avec le 128ème régiment d’infanterie il se dirige en train vers le front en transitant par Angers, Tours et Orléans et atteint les environs de Verdun. A partir de localités de la Meuse comme Vassincourt, Marson, Pierrefitte et Sommedieue il montera à plusieurs reprises aux tranchées en première ligne jusqu’en janvier 1916.

Photo 2Le 24 janvier 1916, il est sérieusement blessé de plusieurs éclats d’obus aux Eparges à une vingtaine de km au sud-est de Verdun. Va suivre pour René Hamier une longue période de convalescence qui le conduit à Contrexéville dans les Vosges, à Vernet-les-Bains dans le Pyrénées Orientales, à Lamalou-les-Bains dans l’Hérault.

Photo 3Au cours de l’été 1916, il revient à Bussy les Daours en permission pour quelques semaines.

Après cela, il retrouve la Bretagne pour une formation de mitrailleur à Landivisiau. Ceci, au cours de diverses manœuvres, l’emmène notamment à Goulven, Lesvenen, Nantes, les Sables-d’Olonne lors du dernier trimestre 1916.
Le 11 janvier 1917, avec le 175ème régiment d’infanterie, René Hamier est affecté à l’armée d’Orient. Il quitte Nantes en train et passe par Lyon, Marseille, Nice. Il continue en Italie par Gênes, Livourne, Rome et arrive à Bari sur la mer Adriatique le 24 janvier 1917. Il embarque sur le croiseur « le duc d’Aumale » pour atteindre la Grèce et Salonique le 28 janvier 1917 après avoir navigué sur la mer Ionienne, la mer de Crète et la mer Egée.

Photo 4Stationné quelques temps à Salonique, il est ensuite cantonné plus au sud durant plusieurs mois aux environs de Corinthe et d’Athènes. Il est alors au 157ème régiment d’infanterie et il contracte la malaria en août 1917. Il rentre fin octobre 1917 comme "évacué sanitaire" sur le navire-hôpital "Lafayette".

Photo 5En cette fin d’année 1917, ce bateau d’une capacité de 1400 lits effectuera une douzaine de voyages sanitaires entre Salonique et Toulon. De cette ville, les multiples complications de la malaria conduisent René Hamier en convalescence à Nice, à Gap dans les Hautes-Alpes et à Valréas dans le Vaucluse. Il est à Valréas le 11 novembre 1918 !

Photo 6Fin novembre, il passe au 154ème régiment d’infanterie et remonte en Champagne. Il séjourne aux environs de Troyes, Reims et Chalons. Il intègre le 20 décembre 1918 le 100ème régiment d’infanterie. Jusqu’en février 1919, il prend part sur les champs de bataille désertés à l’arrachage de rideaux de fils de fer barbelés et au comblement de tranchées. Après quelques temps de permission, toujours sous les drapeaux, il se retrouve aux environs de Pau dans les Basses Pyrénées avec son unité. C’est là que le 15 juillet 1919 il est démobilisé et qu’il peut enfin retrouver Bussy les Daours. René Hamier est alors dans sa 30ème année ! Quelques mois plus tard, le 11 octobre 1919, il se marie à Jeanne Doise et reprend la ferme de Léopold et Amélina Hamier , ses parents.

Jeanne et René auront deux enfants : Yvette née en décembre 1920 et Edouard qui voit le jour en avril 1922. Christiane est l’un de leurs huit petits-enfants.
En juin 1940, il est désigné pour exercer les fonctions de maire à Bussy durant quelques mois, le temps que le 1er magistrat officiel rentre de son exode !

Nota :
Ce périple du fantassin René Hamier qui a duré près de 4 années et demie a pu être retracé grâce à la collection de cartes postales constituée par Cécile, la sœur de René. En effet, celui-ci lui a écrit régulièrement ainsi qu’à ses parents tout au long de cette période d’éloignement.
Le feuillet-matricule n° 965 de René Hamier a permis aussi de suivre ses "états de service".

Textes de Jean Delhaye